Avis sur l’externalisation de la transition numérique au privé

La Suisse n’a pas besoin d’un parc d’attractions numérique, mais d’une gouvernance durable et responsable de sa transition numérique, affirme Jean-Henry Morin, professeur associé à l’Université de Genève.

Un déséquilibre dangereux apparaît clairement entre un vide sidéral laissé par les pouvoirs publics et l’économie privée, dont la propension naturelle à minimiser l’intervention de l’Etat, et donc à s’y substituer sous la bannière de l’autorégulation, grandit. Ce déséquilibre en matière de gouvernance numérique est à la défaveur du développement durable et responsable d’une société.

Ne nous méprenons pas, il ne s’agit pas ici de faire l’apologie d’une doctrine anti-libérale mais bien de recadrer ce que devrait être un projet de société vis-à-vis de l’enjeu crucial d’un agenda numérique national. Il est bien question d’équilibrer trois dimensions: la société, les pouvoirs publics et l’économie. Bien entendu, l’économie joue un rôle très important dans cet équilibre et nous ne pouvons que saluer la mobilisation de Digitalswitzerland sur ce plan-là. Par contre, il n’est pas tolérable que par incurie et défaut de responsabilité, la partie régalienne de cette tâche soit abandonnée (ou externalisée) à la partie ayant un intérêt prépondérant à ce que les pouvoirs publics n’interviennent que le moins possible dans ses affaires.

Source : Le Temps

 

 

La Suisse est en retard en matière de protection des données personnelles

Les futures règles de l’Union européenne (UE) sont censées mieux encadrer les activités d’entreprises comme Facebook, qui brassent des millions de données chaque jour. Les utilisateurs, eux, seront mieux protégés.

Mais en Suisse, la modernisation de la législation en la matière prendra encore plusieurs années. Les utilisateurs suisses devront donc encore patienter et plusieurs spécialistes de la protection des données protestent contre ce retard.

Le Parlement a opté en janvier pour un examen en deux temps: d’abord la protection des données sous l’angle policier et sécuritaire et ensuite seulement le contrôle des plateformes et la protection des utilisateurs, au mieux l’an prochain.

Source : RTS Info

L’économie suisse en danger

La stratégie décidée par la Suisse est «dangereuse», le risque de se reposer sur des institutions étrangères s’apparente à un «naufrage» qui pourrait s’avérer «cataclysmique». Cette semaine, des sommités du monde académique, des avocats, des responsables de l’économie et des préposés à la protection des données sonnent l’alarme: si la loi actuelle sur les données n’est pas révisée rapidement, les conséquences pour la Suisse pourraient s’avérer désastreuses.

Dans leur lettre, la vingtaine de personnalités estiment qu’une «mise à jour de la loi suisse est indispensable et urgente». «En conservant une loi qui a plus de vingt-cinq ans, la Suisse risque de perdre son statut de pays équivalent, ce qui rendrait le transfert de données de l’UE vers la Suisse plus compliqué. Les sous-traitants et fournisseurs de services suisses seraient particulièrement désavantagés», affirment les signataires. Parmi eux se trouvent Edouard Bugnion, professeur à l’EPFL et vice-président pour les systèmes d’information, Sébastien Kulling, responsable de Digitalswitzerland pour la Suisse romande, ou encore Sophie Michaud Gigon, secrétaire générale de la FRC.

Selon eux, «le RGPD ne doit pas être un standard qui se substitue au cadre juridique suisse. On voit pourtant déjà des entreprises suisses affirmer leur conformité au droit européen, en l’absence de référentiel valable en Suisse.» «La commission du National a pris une décision absurde en janvier, c’est une hérésie de perdre autant de temps», affirme Jean-Henry Morin, professeur de systèmes d’information à l’Université de Genève, initiateur de cette lettre avec l’avocat Sylvain Métille.

Source : Le Temps

“Un frémissement” pour la Suisse numérique – podcast de Jean-Henry Morin

Pour la Suisse, les jours à venir seront numériques ou ne seront pas. Lundi 20 novembre 2017 a lieu à Bienne la conférence “Suisse numérique“. Elle réunira des représentants des mondes politique, économique, scientifique et de la société civile. Le lendemain aura lieu la “Journée du digital“. Il sʹagit dʹaller à la rencontre de la population dans tout le pays pour mieux informer sur ce que la numérisation signifie pour la Suisse. Nous recevons Jean-Henry Morin, professeur associé à la Faculté des sciences de la société de l’Université de Genève. Longtemps critique sur la volonté politique de sʹimpliquer dans la numérisation, il observe désormais “un frémissement” dans ce dossier.

Source : RTS