Mes données sur Internet, ou le consentement prisonnier

Faut-il renoncer à maîtriser la circulation de nos données ? Le point sur ces informations personnelles que les acteurs du marché pillent, avec notre accord.

La quantité et la qualité de ces informations transmises malgré vous dépendent bien sûr du degré d’intrusion des sites, de ce que vous-même avez laissé comme traces sur le Web, et de ce qu’on y a dit de vous. C’est au minimum l’adresse IP de votre ordinateur bien sûr, et ce peut être aussi, selon les sites, votre géolocalisation, votre mail, vos centres d’intérêt, votre réseau d’amis, leurs informations sur vous – la palme à Facebook qui, même fermé, aspire tout.

«Le consentement est censé être libre et éclairé, rappelle Sylvain Métille, avocat spécialisé dans la protection des données et blogueur passionnant, mais, pour qu’il soit vraiment libre, il faudrait que je puisse dire non. La réalité, c’est que c’est rarement le cas, sinon on me prive de services devenus presque indispensables.» Sans accepter la charte Google qui annonce que «Nos systèmes automatisés analysent vos contenus (y compris vos e-mails)», plus de Gmail, de Google Maps, de Google Docs. «Le consentement à l’utilisation de vos données intervient de toute façon trop tard, au moment où vous arrivez sur un site il y a déjà un cookie, note aussi François Charlet, autre juriste spécialisé dans la protection des données. «Et voilà comment Google et Facebook en savent beaucoup plus sur mes activités ces dernières années que ma mère…» D’autant que nombre d’internautes acceptent aussi de remplir, cette fois en toute connaissance de cause, des formulaires très intrusifs: «Pourquoi dire si on est chrétien pour louer une voiture? Seules les informations nécessaires à la fourniture du service devraient être obligatoires. J’ai l’impression qu’on profite des gens à une échelle impressionnante.»

D’une manière générale, ne donnez que le strict minimum d’informations sur vous. Méfiez-vous des questionnaires trop curieux ou des quiz ludiques sur vos goûts littéraires ou au cinéma, merveilleuse source de données intimes. Ne cochez pas ou décochez les cases «J’accepte que mes données soient transmises à des sites tiers». Ayez plusieurs adresses e-mail et compartimentez. Ne connectez pas vos réseaux sociaux avec d’autres sites. Ne donnez pas d’informations sur d’autres personnes que vous, ne partagez pas vos carnets d’adresses. Paramétrez un bon antispam. Téléchargez des bloqueurs de pub (adblock), vérifiez vos cookies (ghostery), faites les tests de Lightbeam, Panopticlick, AmIUnique et adaptez vos comportements. Privilégiez la navigation privée, changez de moteur de recherche. Téléchargez Dataselfie et attendez quelques semaines. L’application analyse tous vos messages postés, aimés, partagés sur Facebook, et pourra vous dire si vous donnez l’impression d’être dépensier, religieux, solitaire ou susceptible de lancer une start-up. Impressionnant.

Source : Le Temps

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