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Dans cet atelier qui pris la forme d’une table ronde, des experts issus de différents secteurs économiques et du secteur public firent part de leurs propres expériences en matière de sécurité économique. Les fructueux débats suscités entre l’auditoire et les experts, permirent aux nombreux responsables des entreprises romandes présents de mieux appréhender les enjeux autour de la sécurité économique. Cet atelier dura environ 80 minutes et fut brillamment animé et conduit par Jean-Pierre Therre (Banque Pictet & Cie S.A.). Celui-ci commença par une courte introduction afin de cadrer la thématique et donner quelques éléments du contexte économique. Ce contexte se caractérise notamment par une internationalisation et une globalisation croissante des échanges commerciaux, une concurrence accrue sur les marchés, l’impérieuse nécessité de trouver des relais de croissances, et donc pour les entreprises de conquérir de nouveaux marchés.
Après avoir proposé une définition générale de la sécurité économique, Jean-Pierre Therre donna une définition du point de vue d’une entreprise. Pour celle-ci, « la sécurité économique est l’ensemble des mesures et moyens passifs ou actifs mise en œuvre visant à sauvegarder le patrimoine industriel, informationnel, cognitif et immatériel de l’entreprise contre toute atteinte ou menée hostile et ceci afin de pérenniser les activités, de préserver les emplois et de conquérir de nouveaux marchés ». Cette définition fit quasiment l’unanimité parmi les participants, bien que du point de vue des représentants de l’Etat cette définition n’englobe probablement pas assez la vue « macro », soit une volonté étatique ou sectorielle offensive visant à favoriser une ou un ensemble d’entreprises (i.e. les pôles stratégiques de compétitivité).
Il existe également une approche complémentaire dite de l’Intelligence Economique (IE), qui permet d’innover, de gagner de nouveaux marchés, de devancer ses concurrents, et d’accélérer la prise de décision. On peut résumer cette démarche sous la forme d’une équation : compétences + information = décision + actions. L’IE repose sur trois piliers fondamentaux : la protection du patrimoine informationnel, la recherche d’informations pertinentes par la veille, et la diffusion de l’information pertinente pour produire de l’influence. C’est sur la base de ces trois piliers que Jean-Pierre Therre structura ses questions aux participants.
La protection du patrimoine informationnel englobe les stratégies de produits, les savoir-faire, les compétences, la propriété intellectuelle, les brevets, la réputation, la technologie, les processus de production, etc. Tous ces éléments doivent être référencés, documentés et priorisés avant de pouvoir être protégés. Par la suite, il convient d’identifier si ces éléments font l’objet de processus ou de mesures, passives ou actives, pour la de protection ou la sécurisation. La veille peut être active ou défensive et se focaliser sur l’aspect stratégique, environnementale, sociétale, ou concurrentielle. Il s’agit ici de structurer une démarche prospective pertinente qui puisse servir à orienter la décision et l’action. Il convient également de déterminer un véritable processus structuré et itératif qui favorise la recherche et l’analyse d’informations pouvant avoir un impact stratégique ou opérationnel. L’influence consiste principalement à diffuser des informations ou des normes de comportement et d’interprétation favorisant la position stratégique de l’entreprise à long terme.
En conclusion, dans un contexte économique globalisé et hautement concurrentiel, la sécurité économique concerne en premier chef le développement et la pérennité des entreprises. Celle-ci doivent donc s’en préoccuper de manière préventive et non pas seulement lorsqu’elles sont confrontées à une alerte ou à une atteinte à leur patrimoine d’une manière générale. Les entreprises doivent au minimum identifier les technologies, les produits, les données et les savoirs faire critiques pour leur développement économique et leur pérennité. Pour ce faire, les entreprises ne sont pas isolées et peuvent en cas d’alertes ou de signaux préoccupants, s’appuyer sur des compétences et des dispositifs institutionnels mise en place par les cantons, par la Confédération, ainsi que par des prestataires tiers spécialisés. Néanmoins, s’agissant des dispositifs institutionnels, l’ensemble des participants de l’atelier soulignèrent que ceux-ci doivent être notablement renforcés comme c’est aujourd’hui le cas dans d’autres pays qui investissent plus de moyens.
Alain Mermoud