L’OSINT, ou comment le citoyen peut aider à lutter contre la désinformation

La guerre en Ukraine apporte un flux quasi ininterrompu d’images et de vidéos postées sur le web et les réseaux sociaux. Cette nouvelle dynamique a donné naissance à une véritable communauté du renseignement participatif composée de spécialistes, de journalistes ou d’amateurs éclairés se réunissant derrière l’appellation “OSINT” pour “Open Source Intelligence”.

Une des spécificités de la guerre en Ukraine, c’est sa grande visibilité sur le web. Or, l’OSINT combine fact-checking (vérification des faits) et analyse de données. L’OSINT comme “Open Source Intelligence” (“renseignements qui proviennent de sources ouvertes” en français) désigne ainsi la capacité de produire des faits vérifiés sur la base d’informations disponibles en ligne.

C’est grâce à ce nouvel outil que l’avancée des troupes russes en Ukraine a pu être observée. Et c’est également grâce au travail des “osinteurs”, comme on appelle les spécialistes de l’OSINT, que les images satellitaires sur la ville de Boutcha ont pu livrer leurs secrets, démontrant que le massacre qui y a eu lieu n’était pas une “mise en scène”, comme le prétend Moscou.

L’OSINT permet ainsi de géolocaliser, de recontextualiser et d’authentifier par exemple une vidéo ou une photo issue du web, ce qui est essentiel dans un contexte de propagande de part et d’autre. Une fois vérifiées, ces images permettent par exemple de comprendre soit la logique des mouvements de troupes de soldats, soit l’endroit exact où se déroulent des frappes aériennes. Les “osinteurs” savent que les réseaux sociaux sont devenus un endroit où on collecte des preuves qui peuvent influencer l’issue d’une guerre.

Cette technique existe depuis quelques années déjà, mais elle a pris plus d’ampleur avec le conflit en Ukraine, comme l’explique dans La Matinale Olivier Le Deuff, maître de conférence en sciences de l’information et de la communication à l’Université Bordeaux Montaigne. “L’OSINT est une technologie déjà assez ancienne. Ça avait déjà commencé lors du conflit syrien. Cela vient du monde du renseignement et petit à petit on a vu une expansion de cet outil dans le domaine du journalisme et parmi les amateurs.”

Concrètement, à Boutcha, l’objectif a été de “resituer les exactions dans une temporalité”, comme le détaille le chercheur. “Le New York Times et son équipe de spécialistes ont pu démontrer qu’il y avait des traces de cadavres qui étaient faciles à remonter avec l’image satellitaire.”

Source et article complet : RTS