Comment travaillera-t-on dans vingt ans? Ou plutôt, travaillera-t-on encore d’ici à deux décennies? Les robots se montrent toujours plus efficaces, accomplissent des tâches toujours plus compliquées et, de façon encore plus cruciale, deviennent capables d’apprendre et de développer leurs compétences au fur et à mesure. Au point de nous remplacer tous?
En parallèle, les nouvelles technologies ont changé notre façon de travailler, pour le meilleur – nous permettant une plus grande flexibilité – et pour le pire – en débordant bien au-delà des heures habituelles de travail. La technologie permet aussi une plus grande autonomie et à de plus en plus d’employés de choisir la voie de l’indépendance. Une étude prédit que d’ici à dix ans la majorité des travailleurs américains seront des indépendants.
Face à ces bouleversements en cours, trois experts ont imaginé l’avenir du travail, remettant en question notre relation au travail, notre système de protection sociale, pour la Suisse, et détaillant les facettes du concept d’indépendant. Trois pistes pour envisager un futur largement différent du monde que l’on connaît aujourd’hui, mais pas nécessairement sous de noirs auspices.
Relation au travail
D’ici à vingt ans, «les machines pourront nous débarrasser de beaucoup de travail», affirme Karin Frick, responsable de la recherche à l’Institut Gottlieb Duttweiler (GDI) à Zurich. Avec l’aide du machine learning – ces machines qui apprennent au fur et à mesure –, «nous pourrons produire beaucoup plus en beaucoup moins de temps». Un exemple? Il sera possible de réaliser «l’équivalent d’une semaine de travail en trois heures», imagine la chercheuse.
Protection sociale
Le monde du travail est bouleversé, mais il n’est pas le seul. Avec lui, ou de lui, dépendent d’autres pans de notre système, comme celui de la protection sociale. Le statut de travailleur est central dans ce domaine, qui a été pensé à l’origine pour les ouvriers d’usine, ayant des horaires fixes. Est-ce toujours un critère pertinent avec les changements en cours et ceux qui se profilent? «Il est possible que le taux d’emploi diminue, non pas parce que les gens deviendraient plus fainéants, mais parce que le nombre de places de travail serait réduit par l’automatisation. Dans ce cas, il faut changer de critère pour définir la protection sociale», estime Anne-Sylvie Dupont.
Travail indépendant
Venkatesh Rao imagine que pour les générations nées à partir de 1980, l’indépendance sera la norme, et plus les carrières salariées. Il estime que le taux d’«agents libres» est actuellement de 35% dans les pays développés. Une tendance qui va s’accentuer ces prochaines années. Ce consultant et blogueur basé à Seattle a dessiné ce nouveau système de carrière en l’assimilant à des planètes gravitant autour de la Terre et des fusées s’y déplaçant, le tout fonctionnant dans une hiérarchie.
Source : Le Temps