Le Parlement suisse doit décider s’il autorise ou non le recours à des programmes informatiques d’Etat pour infecter les ordinateurs des criminels. Mais la résistance est vive: ces chevaux de Troie pourraient se retourner contre le citoyen lambda, avertissent plusieurs experts.
«Il y a dix ans, je n’aurais jamais imaginé que les gouvernements de pays démocratiques développeraient des virus informatiques pour les utiliser contre d’autres pays démocratiques, voire même contre leurs citoyens. C’est pourtant exactement ce qui est en train de se passer aujourd’hui». Pour Mikko Hyppönen, l’un des experts en sécurité informatique les plus réputés de la planète, le web s’est transformé «en une énorme machine de surveillance», comme il l’a déclaré à l’occasion de l’édition 2014 d’Insomni’hack, une conférence sur la sécurité informatique qui se tient chaque année à Genève.
Selon des documents révélés par l’ancien collaborateur de la CIA Edward Snowden et publiés mi-mars dans la presse, l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA) avait prévu d’infecter des millions d’ordinateurs avec des codes malveillants (malware). Les Etats-Unis ne sont toutefois pas les seuls à utiliser ces logiciels gouvernementaux ou GovWare, prévient Mikko Hyppönen, directeur de la société F-Secure. L’informaticien finlandais pointe du doigt la Chine, l’Allemagne, la Russie et la Suède.
Et la Suisse dans tout cela? Les services secrets n’ont jamais fait usage de chevaux de Troie d’Etat, a assuré à la télévision suisse Jürg Bühler, vice-directeur du Service de renseignement de la Confédération. La police fédérale, au contraire, les a employés à plus d’une reprise. Ce qui n’a pas manqué de soulever la controverse, l’utilisation de ces espions informatiques n’étant pas encore réglementée par un cadre juridique clair.