Comme d’habitude à cette période de l’année, le Service de Renseignement de la Confédération (SRC) vient de publier son rapport d’analyse sur la situation internationale. Le document s’inscrit dans la tendance dessinée depuis le début de la décennie. On retrouve en effet les grandes caractéristiques de l’environnement stratégique définies dans les analyses de situation précédentes, ainsi que les menaces majeures et les principaux dangers perçus depuis quelques années par le SRC, notamment le terrorisme pour motifs religieux et ethno-nationalistes, la Russie, les extrémismes de gauche et de droite, la prolifération et le service de renseignement prohibé. L’institution s’est toutefois livrée à un très intéressant exercice de veille stratégique qui constitue le thème central du rapport: le développement de la Chine en tant que “facteur global de puissance”. Nous vous en reparlerons dans un prochain article.
“Chaos” international et souveraineté en matière de renseignement
Dans l’avant-propos, le nouveau chef du Département de la Défense, de la Protection de la Population et des Sports (DDPS), M. le Conseiller fédéral Guy Parmelin, insiste, ce qui n’est pas une nouveauté, sur la détérioration et la complexification de la situation internationale. D’une part, l’environnement stratégique de la Suisse se caractérise de plus en plus par un développement du nombre d’acteurs, étatiques ou non, jouant un rôle, positif ou négatif, dans le domaine – Guy Parmelin parle de “fractionnement” pour traduire cette nouvelle réalité que le discours décrit de plus en plus fréquemment par le terme de “chaos”. D’autre part, de nouveaux dangers et menaces imprévisibles peuvent apparaître rapidement, créant une insécurité permanente et la possibilité de surprises stratégiques.
Dans ce cadre incertain et imprévisible, Guy Parmelin insiste, par le biais d’une métaphore maritime – dans une tempête, un navire ne fait confiance qu’à son propre radar, même s’il peut recevoir des informations d’autres bâtiments –, sur la nécessité pour la Suisse de conserver sa souveraineté en matière de recherche et d’acquisition de renseignement. Il rappelle également l’importance fondamentale de cette étape dans le processus de décision politique. Première phase de ce dernier, elle conditionne l’appréciation de la situation qui, elle-même, permet ensuite de déterminer la politique de sécurité et les moyens de sa mise en œuvre. Pour le nouveau Conseiller fédéral, cela implique, et nous lui donnons totalement raison, la volonté et la possibilité de rechercher et d’analyser des informations de manière autonome. D’où l’importance accordée dans les dernières lignes du texte à la nouvelle loi sur le renseignement sur laquelle les citoyens suisses se prononceront le 25 septembre prochain!